Publié le 30/09/2024

La mise à blanc de notre bois : une décision difficile pour permettre la régénération naturelle

Lorsque nous avons acheté notre terrain, il était couvert d’une plantation dense d’épicéas, initialement destinée à la production de sapins de Noël. Ces arbres, jamais coupés, avaient atteint une maturité avancée. La majorité de ces arbres avaient été coupés lors de l'installation de la microferme, mais nous avions décidé, dans un soucis de diversifier les biotopes, de garder une parcelle boisée d'environ 35 ares. 

Bien que l’épicéa soit une essence adaptée au climat ardennais – grâce aux températures fraîches et à l’humidité de la région – la monoculture de résineux est connue pour être néfaste à long terme pour la santé des sols et la biodiversité. Avec les changements climatiques actuels, ces arbres montrent de plus en plus leurs limites, comme en témoigne la crise du scolyte, un insecte ravageur, qui a décimé de nombreuses forêts à travers le pays.

Pourquoi passer à la mise à blanc ?

Les épicéas de notre terrain posaient plusieurs problèmes. Bien qu’ils prospèrent dans les climats frais et humides, leur présence acidifie les sols, les appauvrissant. De plus, leur couvert dense empêche presque totalement la lumière de pénétrer, rendant impossible la croissance d’autres végétaux.

Dans une première tentative de diversification, nous avions déjà procédé à une éclaircie et planté une série d’arbres en espérant une transition douce vers une forêt plus variée. Cependant, les jeunes plants végétaient sous l’ombre des épicéas. Nous avons alors dû envisager une mise à blanc complète pour restaurer un écosystème que nous espérons riche et équilibré.

Le processus de mise à blanc

Cet été, un exploitant forestier est intervenu avec de lourdes machines pour couper et extraire ces arbres. Ce processus, bien que nécessaire, a eu un impact visible sur le terrain. Le passage des engins a provoqué de profondes ornières dans le sol, et de nombreux andins de branches ont été laissés sur place.

Malgré ces marques visibles, cette intervention était essentielle pour préparer le terrain à sa régénération future.

Les conséquences sur le sol et le terrain


Les traces laissées par l’abattage sont indéniables. Cependant, elles ne représentent pas seulement des dégâts. Les ornières, par exemple, se sont rapidement transformées en petites mares, créant ainsi de nouveaux habitats pour la faune et microfaune. Quant aux andins de branches, ils ne tarderont pas à se transformer en refuges naturels pour les oiseaux et petits mammifères, contribuant à renforcer la biodiversité, puis, dans quelques année, en humus.

La situation actuelle

Quelques mois après la mise à blanc, nous observons déjà les premiers signes encourageants de régénération naturelle. Des jeunes arbres tels que des aulnes, bouleaux, saules, érables sycomores et hêtres étaient déjà présents en périphérie de la parcelle, profitant de la lumière disponible. Mais nous avons vite vu apparaître de nouvelles pousses de sorbiers des oiseleurs, chênes, peupliers trembles, frênes et bouleaux qui émergent un peu partout, signe que la nature reprend rapidement ses droits.

Si nous privilégions la régénération naturelle, nous envisageons tout de même de réaliser quelques plantations ciblées afin de diversifier encore davantage les espèces présentes et assurer la résilience de l’écosystème.

Nos espoirs pour l’avenir

Notre ambition est de voir ce petit bois évoluer vers une forêt riche et diversifiée, où différentes essences cohabitent harmonieusement, créant ainsi un environnement propice à la faune et à la flore locales. En permettant à la nature de reprendre ses droits et en apportant quelques interventions ciblées, nous sommes convaincus que cette parcelle se transformera en un écosystème résilient, capable de faire face aux défis climatiques futurs.

La mise à blanc de notre bois a été une décision difficile mais nécessaire pour offrir à ce terrain un nouveau départ. L’objectif est de restaurer la biodiversité et de permettre au sol de se régénérer naturellement.

Je ne peux m’empêcher de voir une métaphore entre cette mise à blanc et notre propre résilience face aux changements, qu’ils soient volontaires ou non.
Comme le disait Jean de La Fontaine, mieux vaut être “roseau” que “chêne” face aux aléas de la vie (cfr la fable « Le chêne et le roseau »).